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Comment adapter le logement aux conséquences du réchauffement climatique ?

9 octobre 2019

2019 est d’ores et déjà l’une des années les plus chaudes depuis les débuts de l’ère industrielle. Impossible de nier que les températures augmentent – et, surtout, qu’elles continueront d’augmenter dans les décennies à venir. Or, cette situation n’a pas que des conséquences sur la qualité de vie durant la période estivale : elle impacte également notre habitat, qui n’est pas prévu pour absorber des températures trop élevées, ni pour résister à des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et intenses.

Il est plus que nécessaire de commencer à s’adapter à ce monde futur, où le mercure franchira régulièrement le seuil des 40°C, où les inondations, les incendies et les sécheresses ne laisseront pas de répit aux populations. Concrètement, comment adapter le logement à ces nouvelles conditions de vie ? Quels sont les leviers à actionner pour se préparer tant bien que mal à un territoire plus chaud ?

Il y a trois réponses : en organisant la mutation de l’habitat pour qu’il consomme moins d’énergie et produise moins de gaz à effet de serre ; en adaptant le logement aux risques engendrés par les catastrophes naturelles ; et en améliorant les mécanismes d’indemnisation pour soulager les particuliers et leur permettre de vivre plus en sécurité à l’avenir.

Adapter le logement aux enjeux environnementaux : une mutation incontournable

Le logement joue un rôle dans le réchauffement climatique. Dans l’Hexagone, le bâtiment consomme près de la moitié de toute l’énergie et génère 20 % des gaz à effet de serre (chiffres tirés du rapport de l’ADEME). Il est indispensable d’envisager dès maintenant une mutation de l’habitat, au sens large, pour le rendre énergétiquement plus sobre et plus respectueux de l’environnement.

Adapter le logement au réchauffement climatique, c’est le rendre plus éco-friendly en réduisant ses dépenses énergétiques. Le gain est double : une habitation économe en énergie limite ses émissions de CO2 et améliore la qualité de vie de ses occupants, qui souffrent moins de la chaleur en été et voient leurs factures énergétiques largement réduites.

Cette adaptation passe par plusieurs actions :

  • Une limitation des besoins en énergie (chauffage, climatisation, électricité) en améliorant l’isolation, en recourant aux énergies renouvelables, en utilisant des matériaux plus performants, etc. Bâtiments basse consommation (BBC), maisons passives (BEPAS) et bâtiments à énergie positive (BEPOS) préfigurent le logement de demain.
  • Une meilleure gestion des ressources à l’échelle individuelle, mais aussi collective, par des actions communes menées au sein d’un même quartier.
  • Une intégration plus pertinente de l’habitat à son environnement, en pratiquant ce qu’on appelle « l’architecture bioclimatique » (le fait de prendre en compte les spécificités du territoire pour construire des logements moins énergivores), et en mêlant plus efficacement la nature aux bâtiments (toitures végétalisées, agriculture urbaine…).

De façon plus générale, adapter le logement en revient à adopter l’éco-conception comme une norme de construction : matériaux d’origine naturelle et/ou innovants, architecture bioclimatique, matériaux polyvalents, recours à des éléments préfabriqués, matériaux recyclables, etc.

Cette mutation de l’habitat est incontournable. Néanmoins, elle doit se faire aussi dans la perspective d’un risque accru, en raison de conditions climatiques plus instables.

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Adapter l’habitat aux risques induits par le réchauffement climatique

Consommer moins d’énergie, c’est une chose. Mais il faut prendre en compte une réalité : toutes nos actions visant à limiter la consommation énergétique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre ont beau être fondamentales, elles ne changeront rien au fait que les températures vont continuer à augmenter. Cela, en raison du décalage qui existe entre l’injection massive du CO2 dans l’atmosphère et les conséquences de ce processus, qui se font sentir des décennies plus tard.

Pour se faire une idée du problème, il faut savoir que l’objectif de limiter à 1,5°C la hausse globale de la température terrestre, formalisée par l’accord de Paris, est déjà caduc : les scientifiques tablent désormais sur une augmentation de 2°C (à lire ici).

Avec cette augmentation viendront plus de catastrophes naturelles, et plus violentes que jamais. Dans cette perspective, adapter le logement signifie aussi mieux le protéger contre les risques que le réchauffement climatique, et son lot de désordres, fait peser sur lui. Il devient urgent d’adapter les bâtiments à des conditions météo extrêmes, qu’il s’agisse des épisodes de fortes chaleurs, de la montée des eaux (inondations), des tempêtes, ou des effets multiples de la sécheresse (incendies, mouvements de terrain, gonflement ou retrait des argiles qui tend à fragiliser les fondations, etc.).

Ici, il y a deux conséquences à prendre en compte :

  • L’effet de la chaleur sur l’habitat, notamment urbain. Il affecte le confort des habitants et leur qualité de vie. Les solutions sont surtout urbanistiques : meilleure intégration de la végétation au sein des villes (toitures et façades végétales, espaces dédiés à l’agriculture urbaine), protections solaires, systèmes de rafraîchissement des foyers moins gourmands en énergie, toitures plates, etc. Mais elles peuvent aussi être techniques, par exemple en intégrant des systèmes d’autogestion des températures intérieures (avec un module connecté aux données météo pour prévoir les variations de chaleur).
  • L’effet des conditions climatiques sur la résistance des logements. Ceux-ci doivent être conçus pour mieux résister aux mouvements de terrain (fondations plus solides et ancrées de manière homogène), aux inondations (meilleure étanchéité des matériaux, structures surélevées pour garantir des pièces protégées) et aux incendies (meilleure protection contre le feu). Ils doivent aussi être prévus pour retrouver un fonctionnement normal le plus vite possible après un sinistre.

À ce titre, on peut imaginer un habitat modulable, facile à transformer et – dans les cas extrêmes – à déplacer de plusieurs dizaines ou centaines de mètres, afin de sortir des zones sinistrées et toujours à risque.

Quid du particulier qui souhaite adapter son logement sans attendre une catastrophe ? En juillet dernier, les parlementaires ont déposé plusieurs propositions de lois conçues pour inciter les particuliers à réaliser des travaux en amont, toujours dans l’idée de préparer l’habitat aux conséquences du réchauffement climatique. Cette incitation prendrait la forme d’une aide au financement. Plus d’informations sur le site du Sénat.

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Améliorer les leviers d’indemnisation pour renforcer la sécurité de l’habitat

Troisième et dernier levier pour adapter le logement aux conditions climatiques futures : améliorer les mécanismes d’indemnisation propres aux assureurs, afin non plus seulement d’aider les particuliers à dépasser un sinistre, mais aussi de renforcer la sécurité de l’habitat en profitant des travaux de remise en état pour réparer de façon durable et pérenne. Avec, en vue, l’aggravation potentielle de la situation climatique.

Pour les assureurs, il y a tout à gagner. On estime que la hausse des indemnisations versées au titre des catastrophes naturelles entre 2014 et 2039 devrait atteindre + 90 % rapport au précédent quart de siècle, pour un coût total de 92 milliards d’euros. En cause : la fréquence et la gravité des sinistres. À charge aux compagnies d’assurance d’aider les assurés à surmonter les difficultés inhérentes à un sinistre (en simplifiant les procédures d’indemnisation) et de favoriser des travaux de réparation durables et pérennes, avec une orientation bioclimatique affirmée, en améliorant la protection des occupants, et/ou en optant pour des solutions modulaires.

L’idée serait d’apprendre de nos erreurs : si une zone a subi une inondation destructrice, il faut reconstruire différemment, et reconstruire mieux, pour éviter une répétition de la catastrophe.

Adapter le logement au réchauffement climatique, ce n’est plus une option : c’est une nécessité. Autant commencer tout de suite !

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